La famille HENRY

Les HENRY sont vignerons de père en fils depuis plus d’une dizaine de générations. Le berceau de la famille est à Puilacher, petit village de la moyenne vallée de l’Hérault , depuis au moins mai 1533.

En 1975, François, alors étudiant en biologie, géologie et spéléologue à ses heures, décide avec la complicité de ses parents de s’installer à Montagnac au Domaine St Martin de la Garrigue.

Le projet est de taille. Il nécessite une restructuration profonde, Cela représente 27 hectares de plantations nouvelles en 5 ans. Père et fils, aussi passionnés l’un que l’autre se lancent dans une aventure avant-gardiste, Faisant partie de la famille naissante des vignerons précurseurs qui amorcent le renouveau languedocien, dès 1975 ils vont planter du cabernet sauvignon , merlot, suivis de mourvédre, syrah, et renouvellement de grenache.

En 1980, ils sont les premiers dans l’Hérault à planter du chardonnay, qui plus est en sélection massale s’il vous plait, pour palier l’uniformité des clônes.

François aux manettes de la vinification, va élaborer entre autre, le 1er blanc de chardonnay , fermentation et élevage en fûts avec bâtonnage. Lors d’un passage au Domaine, Dominique Lafon (Domaine des Comtes Lafon, à Meursault) dira en dégustant les 1986 en élevage «Heureusement que je sais où je suis car je penserais être à Meursault!» Sacré compliment de la part d’un des plus réputés domaines bourguignons.

Pour son rosé, il délaisse le pressoir au profit du rosé de saignée, beaucoup plus sensoriel, qui met en évidence la propension de ce terroir à donner des blancs et rosés de belle allure.
Le domaine acquiert assez rapidement les honneurs des bonnes et grandes tables françaises: Robuchon et Michel Bras comptent parmi ses premiers clients de haut niveau. Le travail du tandem Père-Fils porte ses fruits.

En 1990 François est élu vigneron de l’année par Gault & Millau. Amateur d’histoire, curieux insatiable, c’est en fouillant le passé du Domaine St Martin-de-la-Garrigue et des vins du Languedoc, qu’il croise celui de St Georges d’Orques.
Après la vente du domaine pour raisons familiales, il s’y installe en 1992 avec Laurence son épouse.

Laissons-les nous raconter leur aventure.
“Notre réinstallation sur ce terroir n’est donc pas due au hasard : des recherches d’archives nous ont révélé que ce cru, proche de Montpellier, produisait des vins renommés dès le Moyen-Age.
Au XVIIIème siècle leur notoriété était alors aussi importante que celle des vins de Bourgogne, Ils étaient commercialisés jusqu’en Russie , Angleterre , Pays Scandinaves et même « au-delà des mers » (continent Nord américain), où ils étaient commercialisés.”

L’avènement de la viticulture industrielle, puis celui des maladies venues d’Amérique, oïdium, phylloxéra et mildiou, en ont malheureusement marqué le déclin dans la deuxième moitié du 19ème siècle.

Séduits, excités, par ce potentiel qualitatif oublié, nous nous mettons en quête de vignes à acheter ou louer. En 1992 la chance nous sourit. Nous trouvons simultanément une petite exploitation de 9 hectares à prendre en fermage, intelligemment plantée, et une maison sur un terrain suffisant pour y construire notre future cave.
La famille peut poser ses valises, et nous commençons à explorer ce fameux « potentiel ». Le vignoble grâce à son morcellement, nous permet d’appréhender des sols et des altitudes différents, des expositions variées, un ensemble complet de cépages auquel ne manque que le mourvèdre. C’est pourquoi nous décidons dès le départ de sur-greffer une vaste parcelle de cinsault en mourvèdre. On décapite la vigne en mai-juin, donc en pleine végétation, pour greffer sur le pied de cinsault, 2 bourgeons de mourvèdre. C’est spectaculaire, presque du jamais vu !

Ce « chantier » intrigue et fait parler. En plus, rares sont les femmes accomplissant une tâche hautement technique, habituellement réservée aux hommes ! Nous ne ferons que la 1 ère moitié de notre projet car, à la vendange 1993, le cinsault non sur-greffé se révèle être de très haut niveau. C’est notre première appréciation du terroir des « Chailles ».
REVELATION DU TERROIR
Parallèlement, nous orientons la culture vers un avenir « bio ». L’arrêt des engrais est immédiat (1993). Quelques années plus tard, quand végétation et herbes deviennent moins vigoureuses, nous arrêtons le désherbant (1998) et reprenons les labours, déclenchant des regards et réflexions incrédules quand ils ne sont pas moqueurs. Un tel engagement a pour effet, tout en diminuant les rendements, d’obtenir de la vigne une nette amélioration de son « auto-résistance » aux maladies. Nous avons pu diminuer progressivement le nombre de traitements pour passer de 8 les premières années, à 2 en 2012, et ne traiter que le mildiou et l’oïdium.

La faune et la flore s’en sont trouvées métamorphosées et enrichies. Notre viticulture devenue très naturelle, le terroir se révèle avec de plus en plus de présence et d’authenticité : sans engrais, la vigne n’a pour se nourrir, que ce que le sol est capable de lui restituer. Il est entretenu par la matière organique indigène obtenue par broyage des sarments et de l’herbe, mélangés à la terre par un labour de surface. Le jus de raisin devient la signature liquide du terroir.
Sans soutien technologique, ou apport externe, le jeu est périlleux.
Seul un terroir évident peut autoriser pareille confiance en son sol, et procurer un vrai jus, au caractère particulier, digne d’intérêt.
Saint Georges d’Orques fait partie de ces crus privilégiés par la nature, dévoilés par le travail de l’Homme.
Nous essayons d’en être des interprètes fidèles. »